Les rêves de Marie sont « basiques » comme elle dit. 

« Ce que je veux, c’est construire ma famille, avoir une maison, une voiture, voyager... » Tmoignage Marie

En plus d’une famille, elle place en tête de la liste de ses envies ce qui n’est plus un vœu cher mais un projet : « Je veux devenir éducatrice spécialisée. » 

C’est la voie qu’elle se trace avec pour seules armes sa volonté, son travail, sa force de caractère et l’exemple de ceux qu’elle appelle ses « sauveurs », après que sa vie d’enfant et d’ado a été confiée à l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

Marie Follin, 19 ans, à livré son témoignage à l’occasion du lancement, en Seine-Maritime le vendredi 27 janvier 2023, des Rencontres départementales de la prévention et de la protection de l’enfance. Elle qui a déjà pris l’habitude de prendre la parole dans les groupes d’expression constitués par l’IDEFHI, où elle a été accueillie jusqu’en octobre 2022. « Maintenant, j’ai mon propre appartement. »

Retirée à ses parents au tout début de sa vie

Marie a été placée en famille d’accueil à l’âge de 4 mois. « Parce que mes parents avaient des addictions, des problèmes psychologiques, des déficiences », expose sans difficulté la jeune Rouennaise. C’est au cœur d’une structure familiale stable et aimante qu’elle a pu grandir et se construire. Auprès d’un couple qu’elle appelle « Tonton et Mamie », mais qu’elle a considéré comme bien plus que cela. « C’étaient mes parents, même plus que mes parents, souffle Marie. Ils nous ont bien éduquées, ont répondu à tous nos besoins, nous ont emmenées en vacances... »

Mais la maladie, un cancer, est venue bousculer l’équilibre du foyer. « Mon tonton est décédé d’un cancer contre lequel il luttait depuis dix ans. » Deux ans après, c’est son épouse qui a été emportée. « Ça a été violent parce qu’elle a fait un infarctus et n’a pas pu être sauvée après dix jours de coma », relate Marie qui n’avait que 16 ans. C’est là que sa descente aux enfers a commencé. « J’ai perdu tous mes repères. »

« Je veux soutenir à mon tour des jeunes placés »

Son placement en urgence dans une autre famille d’accueil, avec sa sœur de 15 ans, s’est mal passé. Avec la famille mais aussi avec sa cadette, avec laquelle elle entretenait dejà une relation compliquée. « On est tellement différentes... » Sa scolarité est devenue à ce moment-là son seul phare. « Je me suis réfugiée dans le travail... C’est même le trimestre où j’ai été le plus mal que j’ai eu les meilleures notes », ne comprend pas elle-même Marie, qui a décroché son bac sans redoubler et avec la mention Assez bien. Mais à force d’encaisser et d’être assaillie par les idées noires, la jeune fille a fini par sombrer. « J’ai eu envie d’aller les rejoindre... J’ai eu envie de passer sous le métro. J’ai même été jusqu’à prendre des médicaments. »

En pleine dépression, Marie a eu la présence d’esprit de demander à son éducatrice de la faire hospitaliser.

Quand sa Mamie est décédée, Marie n’avait déjà pas eu le temps de faire le deuil de son Tonton... « C’est à ce moment-là que j’ai su qu’il fallait que je parle. » Qu’elle devait vider son sac, pour se reconstruire. « Et pouvoir encore plus me battre. » Depuis sa plus tendre enfance, Marie sait qu’elle a cette boule d’énergie en elle qui la pousse à vaincre. Elle termine son BTS Sanitaire et social et espère ensuite intégrer l’Institut du développement social (IDS) à Canteleu pour suivre sur trois ans la formation d’éducateur spécialisé. « Je veux soutenir à mon tour des jeunes placés. »